26 septembre 2015

Cours n° 9 - L'école entre médicalisation et psychologisation


Cours n° 9 - L'école entre médicalisation et psychologisation









L'enseignement s'est-il démocratisé ?, Entretien avec Antoine Prost (1999)

L'enseignement s'est-il démocratisé ?

Dès le début du siècle, des responsables politiques dénoncent le conservatisme de l'école qui reproduit les inégalités sociales. Le mot d'ordre de « démocratisation » est lancé. Il ne prendra pleinement sens que dans les années 1960. Paradoxe cruel : la démocratisation était peut-être plus efficace après la Seconde Guerre mondiale, alors qu'elle n'était pas encore à l'ordre du jour !

Antoine Prost, La démocratisation de l’enseignement en France depuis la Seconde Guerre mondiale

Antoine Prost, "La démocratisation de l’enseignement en France depuis la Seconde Guerre mondiale", Revue suisse des sciences de l’éducation, 1/2001, p. 73-94.
Cet article dresse un bilan de la démocratisation de l’enseignement en France. Il rappelle les origines de cette politique dans la première moitié du siècle. Il explique pourquoi elle a attendu les années 1959-63 pour se réaliser: c’est alors la réforme de l’école moyenne et la première vague de croissance, jusqu’au milieu des années ‘70. Il analyse ensuite la seconde vague de croissance qui bouleverse la morphologie des lycées à partir de 1985. La question des résultats se pose alors: ces politiques ont-elles réduit les inégalités sociales devant l’école ?

La démocratisation de l'école: histoire et analyses



Garcia Sandrine, Poupeau Franck, « La mesure de la « démocratisation » scolaire. Notes sur les usages sociologiques des indicateurs statistiques», Actes de la recherche en sciences sociales 4/2003 (no 149) , p. 74-87.


À l’école des dyslexiques, Sandrine Garcia

Sandrine Garcia, À l’école des dyslexiques. Naturaliser ou combattre l’échec scolaire, La Découverte, « Sciences Humaines », 2013.

Présentation de l'éditeur
Existe-t-il une différence de nature entre un mauvais lecteur et un enfant dyslexique ? Les méthodes ont-elles une responsabilité dans les troubles des apprentissages ? Certains incriminent ainsi la « méthode globale », tandis que d’autres imputent les difficultés de ces enfants à leur milieu social. 

Les pouvoirs publics ont, de leur côté, tranché en faveur d’une approche médicalisante avec la loi de 2005. Sous couvert de « reconnaître » le handicap que constituent les troubles des apprentissages, ils ont en fait éludé la question pédagogique. Pourtant, il est aujourd’hui impossible d’affirmer que les problèmes de lecture d’élèves rapidement classés comme « dyslexiques » relèvent de dysfonctionnements cognitifs. Il semble au contraire nécessaire de considérer que la dévalorisation des aspects les plus techniques de l’apprentissage par les experts de la lecture a conduit à nier les difficultés réelles de cet apprentissage. En définitive, la frontière entre les enfants souffrant d’une pathologie de la lecture et les autres relève avant tout d’une construction sociale et d’un partage des territoires d’intervention entre les professionnels de l’éducation (enseignants) et de la rééducation (orthophonistes). 
S’appuyant sur une enquête menée auprès de parents d’enfants dyslexiques, ce livre montre que les difficultés d’apprentissage sont toujours rapportées aux incapacités cognitives des élèves, qui se trouvent ainsi scolairement stigmatisés. Dès lors, le recours à la catégorie de dyslexie devient, pour les parents, une ressource paradoxale, leur permettant d’échapper à la stigmatisation et au renoncement pédagogique du système scolaire.


La médicalisation de l'échec scolaire, Stanislas Morel

Stanislas Morel, La médicalisation de l’échec scolaire, La dispute, 2014.

Présentation de l'éditeur
On assiste depuis une vingtaine d'années à un renouveau des interprétations de l'échec scolaire en termes de difficultés psychologiques (phobie scolaire, estime de soi en berne) et de troubles des apprentissages d'origine neurobiologique ou génétique (dyslexie, hyperactivité, précocité intellectuelle, etc.). 
Certains médecins soutiennent désormais que la plupart des élèves en grande difficulté scolaire seraient atteints par un « trouble » d'origine médico-psychologique et leurs propos sont abondamment repris par les médias. 


Ces manières d'appréhender l'échec scolaire se sont largement diffusées dans les milieux pédagogiques où, ayant acquis la force des évidences, elles ne sont plus véritablement interrogées. Le recours aux professionnels du soin a explosé et semble se banaliser puisqu'un tiers des élèves sont aujourd'hui suivis par un orthophoniste ou un psychologue. 
En France, les chercheurs en sciences sociales qui ont ces dernières années pris pour objet ce renouveau des interprétations médico-psychologiques de l'échec scolaire se sont principalement focalisés sur des troubles particuliers : la précocité intellectuelle ou la dyslexie.
À ce jour, il n'existe pas de synthèse permettant d'expliquer sociologiquement le phénomène dans son ensemble. C'est ce manque que ce livre entend combler. L'auteur ne propose pas tant de réduire la médicalisation aux effets de l'impérialisme médical que de comprendre sa construction au carrefour d'univers sociaux très différents : hauts fonctionnaires et experts chargés de définir les politiques de lutte contre l'échec scolaire, chercheurs, professionnels du soin, enseignants, parents d'élèves, etc. 
Attentif à la spécificité du processus de médicalisation dans chacun de ces univers, l'ouvrage montre néanmoins que ce phénomène est l'expression plus générale de profondes transformations tant des manières de penser les inégalités scolaires, que des objectifs assignés à la démocratisation de l'école.

"Médicalisation de l’échec scolaire et pouvoir enseignant",entretien dans L'Expresso du Café pédagogique, n° 158,  mardi 16 décembre 2014.

"Regard sociologique sur la médicalisation de l'échec scolaire", entretien sur le site de Institut de recherches et d'études sur le syndicalisme et les mouvements sociaux (IRESMO).